reflux

lapsus in extremis

Judy s’est soumise au désir de Scottie : elle a accepté de réendosser le rôle de Madeleine. Elle jouit d’avoir anéanti son identité dans ce fantasme masculin, au point d’un soir d’arborer les bijoux de Madeleine qu’elle avait gardés précieusement. Comment interpréter ce geste ? Est-ce le désir de jouer son rôle à la perfection, de satisfaire le désir de Scottie, qui empêtré dans son fantasme n’y verra que du feu ? Est-ce au contraire une volonté de révéler à Scottie la supercherie, de briser son rêve en lui montrant qu’elle n’a jamais été que Judy jouant Madeleine ? Ou bien les deux : un lapsus que laisse échapper Judy : en allant jusqu’au bout de l’illusion de son personnage, Judy laisse échapper in extremis son désir d’un amour authentique qui dise la vérité; elle se pose en sujet de désir qui refuse le mensonge et la soumission. Elle croit inconsciemment que Scottie va consentir à abandonner son rêve et l’aimer pour elle-même : elle l’invite à attacher son collier dans son dos, pour qu’il puisse contempler dans le miroir le signe qu’elle lui offre.

Alfred Hitchcock, Vertigo (1958)

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Cette entrée a été publiée le 11/01/2012 par dans désir, femme, hitchcock, vertigo, et est taguée , , , , , , .